Archibien : C’est un très beau projet que vous avez mis en place avec l’association. Tu peux nous en dire un peu plus sur Quentin Mourier ?
Blandine : Quentin Mourier était un architecte, doctorant depuis 2012 au sein du laboratoire de recherche de l’Ecole d’Architecture de Versailles. En parallèle, il poursuivait des projets d’agriculture urbaine avec l’association Vergers Urbains pour compléter la thèse qu’il rédigeait. Sa thèse portait sur l’hospitalité : il partait du principe que dans toute situation hostile il pouvait y avoir des situations d’hospitalité (entraide, projets collaboratifs, etc.). Il décède en 2015, laissant derrière lui ce travail inachevé… Il est impossible pour nous de finir sa thèse, mais nous nous sommes dit qu’il était important de rendre hommage aux recherches passionnées et passionnantes qu’il avait entreprises.
Quel a été le cheminement de la création de l’asso jusqu’à l’expo ?
Nous sommes donc 8 dans l’association, 8 anciens camarades d’école d’archi de Quentin. En printemps 2016, l’idée nous est venue de rendre hommage à son travail tous ensemble autour d’une association.
En novembre 2016 nous avons lancé une campagne de crowdfunding pour financer cette association : 300 personnes ont participé et nous avons pu récolter 13 210€ ! Nous ne remercierons jamais assez ces personnes d’avoir pu nous aider. Grâce à ces dons, nous avons pu partir à Détroit en août 2017 pour nous imprégner du cheminement de Quentin. Une fois toutes les informations nécessaires récoltées, on a pu mettre en place le déroulé de l’exposition pour juin 2018.
Pourquoi a-t-il choisi la ville de Détroit ?
En 2013, la ville de Détroit s’est déclarée en faillite. Là-bas, les crises sociales, économiques et écologiques sont redoublées par une ségrégation raciale et sociale poussée à l’extrême. Pendant des décennies, la fuite de la population blanche de la ville vers la banlieue a fait de Détroit la plus grande ville pauvre des États-Unis, mais également la plus grande ville noire des États-Unis, avec 84% des habitants Noirs Américains. Face à l’abandon des institutions et pouvoirs publics, devant l’exclusion et l’oppression, des habitants sont entrés en résistance, rejoints par des activistes humanistes. Privés de leur droit à la ville, ils n’ont cessé de reconstituer des lieux d’ancrage pour faire subsister leurs communautés et faire rayonner leur culture. En contrepoint du récit de la décroissance qui a fait de Détroit un environnement « hostile », Quentin Mourier souhaitait écrire une histoire de l’hospitalité.
D’autres projets à venir pour la suite ?
Nous allons partager avec les personnes du crowdfunding une publication qui retrace notre voyage d’études à Détroit, des extraits du travail de Quentin et des extraits de l’exposition. D’autres projets sont à venir pour la suite, nous vous tiendrons informés des avancées d’ici là ! C’est formidable de pouvoir partager les recherches de Quentin, le sujet de sa thèse nous concerne tous. Nous espérons pouvoir y contribuer et être à la hauteur de son travail.
Pour conclure, j’aimerais rajouter qu’en tant qu’architectes notre métier est d’œuvrer pour le bien commun. En allant à la recherche des habitants de Détroit qui se battent pour la survie et le bien-être de leur communauté, nous avons découvert une métropole d’une richesse incroyable en contre-point des clichés diffusés habituellement : l’idée reçue d’une ville hostile par excellence nous est apparue comme un archipel d’hospitalités. C’est ce que l’expo tend à montrer et à transmettre, à travers une série de portraits des rencontres faites sur place. »
Vous pouvez retrouver l’exposition jusqu’au dimanche 17 juin inclus à la Maison de l’Architecture d’Ile-de-France, Paris 10e.
Un grand merci à Blandine pour cet entretien. Nous suivrons cette aventure de près !
Retrouvez l’association Learning from Detroit sur Facebook pour plus d’informations.
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