Robin Denis, architecte, a eu l’opportunité de travailler au sein de plusieurs agences d’architecture, avant de fonder sa propre entreprise. Aujourd’hui, il nous parle dans ce nouveau « Paroles d’expert », des contraintes liées à la construction d’une maison éco-conçue.
Parlez-nous de vous…
Après un passage à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand, j’ai choisi de me spécialiser dans le domaine d’étude « Éco-conception des Territoires et des Espaces Habités ». C’est ce Master qui m’a conduit à explorer l’usage du bois et des matériaux bio-sourcés.
Après diverses expériences à travers plusieurs agences d’architecture – Vincent Trinh, FR Architectes, Cornière et Castanié, Berger Granier – j’ai choisi de passer mon Habilitation à exercer la Maîtrise d’Œuvre en mon Nom Propre pour concevoir et suivre mes propres projets.
Pouvez-vous nous parler d’un de vos projets de construction de maisons éco-conçues dont vous êtes particulièrement fier ?
Bien entendu ! Il s’agit d’une construction de maison sur laquelle j’ai travaillé en tant que chef de projet, pour l’agence Berger Granier Architectes.
Situé sur une parcelle plutôt isolée entre le Puy-en-Velay et Saint Paulien, ce projet concernait la conception d’une maison simple et compacte, inspirée des typologies d’habitation éco-conçues, et même passive.
Prévue sur une grande parcelle boisée et traversée par une source, la maison devait conjuguer efficacité et sobriété. La demande des propriétaires était assez claire : construire un bâti qui s’intègre harmonieusement à son environnement, et qui laisse assez de surface pour laisser paître deux chevaux et bénéficier d’un espace dédié au jardinage.
Le cahier des charges était donc bien défini : la maison devait comporter – en plus de pièces somme toute classiques (cuisine, salon, chambre, etc.) – des espaces dédiés aux chevaux, au bricolage, ainsi qu’au jardin potager. La construction devait éviter toute déperdition, en volume ou en consommation d’énergie. Chaque aménagement devait aussi permettre de limiter les désagréments au sein de leur futur lieu de vie : utilisation de matériaux biosourcés, installation d’un système de chauffage écologique, etc. Cette démarche, guidée par un imaginaire influencé par l’univers de Miyazaki, témoigne de l’aspiration des propriétaires à vivre en harmonie avec la nature.
Au vu de cette expérience dans la construction de maisons éco-conçues, quelles sont les contraintes spécifiques que vous avez pu rencontrer ?
Chaque projet a son lot de défis ! Pour ce projet de construction de maison, nous avons dû prendre des décisions précises et parfois effectuer des compromis pour entrer dans l’enveloppe financière des clients.
Des choix esthétiques et des matériaux coûteux
Bien que respectueux de l’environnement, certains matériaux ont entraîné des surcoûts significatifs. Je pense notamment au bardage en façade et à l’enduit en terre. Ce dernier, sélectionné pour ses propriétés écologiques et son esthétique chaleureuse, s’est révélé coûteux tant en termes de matières premières que de main-d’œuvre. Cette technique quoi que ancestrale, est aujourd’hui très spécifique et souvent rarement utilisée. Il se révèle alors parfois difficile de trouver les bons artisans. Quant au bardage en bois, privilégié pour son aspect naturel et sa durabilité, représente lui aussi un investissement financier conséquent.
Aussi, pour l’efficacité thermique de la maison, la chaudière à bois prévue nécessitait assez d’espace pour être installée. En plus de coûter cher (environ 10 000 €), c’est presque une pièce entièrement dédiée qu’il fallait prévoir à cause des distances à respecter par rapport aux murs.
Des arbitrages en cours de production pour respecter l’enveloppe budgétaire fixée
Le coût et l’espace requis par la chaudière à bois, le prix élevé du bardage et les particularités de l’enduit en terre ont nécessité des compromis. Toutefois, la clé a été d’adapter le projet pour qu’il corresponde au budget annoncé, sans sacrifier pour autant l’intégralité de la vision des clients.
L’adaptation d’un tel projet à une enveloppe budgétaire précise peut s’avérer être un exercice d’équilibre délicat. Je me souviens que dans les premiers plans proposés, nous avions conçu une serre accolée à la maison. Finalement, les contraintes budgétaires nous ont conduites à revoir nos arbitrages en cours de production pour privilégier des aspects plus fondamentaux de l’habitation. Le choix des matériaux a dû être rigoureusement examiné, menant à des consensus entre le désir initial d’utiliser principalement de l’enduit naturel et la nécessité de rester dans les limites budgétaires fixées.
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Finalement, l’enduit en terre a été utilisé uniquement en intérieur, permettant d’éviter les externalités négatives de la peinture classique. À l’extérieur, c’est un bardage en bois qui recouvre l’ossature de la structure. Enfin même la dalle a été revue en cours de process. Initialement imaginée en bois pour un coût de 30 000€, nous avons changé pour une dalle en béton, plus économe.
Heureusement, pour maîtriser le coût des travaux jusqu’au bout, une partie d’auto-construction a été envisagée par les propriétaires. Cette concession nous a alors permis de faire de nouvelles économies de budget !
Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer sur ce projet de construction de maison éco-conçue ?
La faisabilité technique
Les difficultés rencontrées au cours de ce projet ont été aussi diverses qu’instructives pour l’agence à l’époque ! L’ambition d’intégrer un enduit terre à l’intérieur de la bâtisse n’a pas seulement posé des questions de coût. Avec une technique aussi peu conventionnelle, il a fallu trouver les artisans aux savoir-faire bien précis. Finalement, ce challenge nous a permis d’introduire de nouvelles méthodes et matériaux au sein de l’agence !
Par ailleurs, en raison de la topographie et de la composition du sol de la parcelle en argile, la question des fondations s’est avérée plus délicate que prévue ! Dans cette situation la réalisation de pieux profonds, bien que stratégique, exige une exécution méticuleuse pour assurer la stabilité de la structure tout en préservant l’écosystème environnant, surtout compte tenu de la proximité de la source d’eau.
Une collaboration entre les parties prenantes nécessaire et décisive
Malgré les quelques difficultés rencontrées, la collaboration étroite avec les clients, et l’implication des entreprises sur le chantier ont été des atouts inestimables. Notamment pour la rapidité du chantier !
Je pense notamment à la construction de la structure en ossature bois – dont la matière provient d’ailleurs de Haute-Loire – qui s’est déroulée en atelier. Cela a permis un montage sur place du clos couvert très rapide, et donc de maîtriser les déplacements de l’entreprise de charpente. Ce procédé permet par ailleurs de régler un maximum de problématiques qui peuvent émerger sur ce genre de construction pour être plus efficace sur le chantier en tant que tel. D’ailleurs, contrairement à la maçonnerie, la construction en bois demande très peu d’eau, ce qui a été un réel atout sur le projet !
Le mot de la fin ?
La collaboration des porteurs de projet, leur ouverture d’esprit, leur curiosité et leur implication ont été de vrais avantages. Ils ont non seulement permis de surmonter les obstacles, mais ont aussi enrichi le processus, conduisant à un projet final qui reflète leurs aspirations.
© Réalisation : Robin Denis (à l’époque chef de projet chez Berger Granier Architectes)
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